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L’enseignant n’est plus le seul sachant dans la classe… L’élève aussi

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2 juin 2021

L’accès au savoir n’a jamais été aussi aisé. À l’école comme ailleurs, la réalité d’une information abondante et accessible change la donne. L’enseignant n’a plus le monopole de la connaissance, elle est désormais partout. Comment tirer le meilleur de ce nouveau paradigme en classe ? Et en quoi modifie-t-il la relation enseignant/élève ? Tentative de réponse.

LES NOUVELLES TECHNOLOGIES CHANGENT LA DONNE ÉDUCATIVE

Avant, l’enseignant était le principal transmetteur du savoir, ou était considéré comme tel. Bien sûr, l’apprenant est en situation d’apprentissage partout, à tout moment : à l’extérieur de l’école, avec ses parents, il apprend de son environnement socioculturel, voire cultuel. En bref, tout l’environnement d’un individu le pose en situation potentielle d’acquisition de savoir. Mais cet environnement a changé.

Les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont tissé leur toile sur le monde. Elles sont désormais un facteur avec lequel il faut compter dans le processus d’apprentissage.

Elles permettent à l’élève d’accéder plus facilement à l’information, partout, tout le temps et via des sources multiples. Aussi, les nouvelles technologies, et l’accès à internet en particulier, permettent de tirer parti de formats d’apprentissage nouveaux, ou du moins plus divers : tutoriels texte ou vidéo, de l’infographie, des schémas, etc. Un moyen de solliciter différemment les capacités cognitives de l’élève là où la relation élève/enseignant n’était principalement portée que par l’oralité et l’écrit.

Des avantages qui ne sont pas sans inconvénient. Les informations glanées sur internet ne garantissent pas la complétude du savoir sur une thématique donnée ni la fiabilité de ce qui est lu, vu, actionné. Et si les enseignants introduisent progressivement de plus en plus d’approches telles que la vidéo et l’image qui stimulent d’autres sens et formes d’intelligence, ils doivent plus que jamais composer avec le bagage propre à chaque élève.

« Dès que l’apprenant sait utiliser internet, il se trouve face à des réponses multiples et parfois contradictoires à une même question. Elles ne lui garantissent pas la complétude du savoir ni que celui-ci est juste »

Marie-Reine Boudarel, accompagnatrice de l’évolution pédagogique

ÉLÈVES ACTEURS, ENSEIGNANTS « FACILITATEURS »

Quel que soit leur âge, les élèves arrivent avec une multiplicité d’expériences et de connaissances liées aux multiples sources d’information dont ils disposent et à leur contexte personnel. Autant de richesses intéressantes à intégrer dans le processus pédagogique, notamment durant les cours. Une classe n’est pas une somme d’individus dont il faut « remplir les têtes », mais une combinaison d’intelligences, kinesthésiques, sensorielles, cognitives, créatives, rationnelles… dont l’enseignant doit se servir pour enrichir et faciliter le processus d’apprentissage.

« Les élèves attendent de leur professeur qu’il soit à la fois la figure de l’expert et de l’accompagnateur »

Marie-Reine Boudarel, accompagnatrice de l’évolution pédagogique

Il s’agit également de s’appuyer sur cette richesse pour leur apprendre à travailler ensemble, ce qu’ils seront amenés à faire dans leur future vie professionnelle et sociale. C’est notamment l’objectif de la pédagogie par projet : faire travailler les élèves sur une thématique autour de laquelle ils vont devoir co-construire des savoirs. Aller chercher de l’information, émettre des idées, gérer leurs différents niveaux de compréhension des choses pour in fine inventer et mettre en œuvre leur réponse à un problème posé. En d’autres termes, rassembler les élèves autour d’une finalité explicitée et partagée. Une approche qui donne du sens à l’exercice et favorise l’engagement. Il est en effet plus facile d’amener un groupe à chercher quand il sait où il doit aller et pourquoi il le fait.

UN MODÈLE ÉDUCATIF CONTRIBUTIF, CENTRÉ SUR L’APPRENANT

Dans un monde où tout est interaction et interdépendance, nous croyons qu’il est clé d’acquérir la capacité à « faire avec l’autre », et ce, le plus tôt possible. La collaboration n’est pas innée, elle s’apprend. Le monde de l’entreprise repose notamment sur l’intégration des compétences, une capacité qu’il est possible de transmettre dès le plus jeune âge.

Également, favoriser la compréhension du monde dans toute sa complexité et les liens qui le régissent : le lien entre les disciplines, le lien entre les personnes et leurs compétences. Un apport déterminant pour préparer les élèves au mode de travail interdisciplinaire qui s’impose aujourd’hui dans l’entreprise.

Comment faire pour composer avec le bagage des élèves et les préparer au mieux au monde qui les attend ?

D’abord, puisque l’élève est de plus en plus acteur de son apprentissage de par l’autonomie que lui donnent les outils modernes : l’accompagner dans sa démarche. Lui offrir la mise en perspective nécessaire pour trouver son chemin parmi la multiplicité d’informations dont il dispose désormais. Ne pas le laisser seul face au flot de données et d’idées auxquelles il accède. Il faut l’aider à comprendre (avant de savoir), à questionner (avant de répondre), à reformuler et à expérimenter.

Ensuite, développer les démarches d’apprentissage en groupe qui stimulent les interactions entre élèves à travers des projets collectifs concrets, qui donnent du sens au savoir. Leur proposer des ateliers où l’apprenant a toute sa place au sein du groupe et a l’occasion d’exprimer son point de vue, sa créativité, et d’être force de proposition. Via cette dynamique collective, offrir ainsi la possibilité à l’élève d’apprendre des autres et de fournir sa contribution individuelle pour co-construire la solution à un problème donné.

Quels enjeux pour les enseignants ?

Ce nouveau cadre invite les enseignants à adapter leurs pratiques pédagogiques : savoir animer une dynamique apprenante, savoir animer un groupe, savoir transposer des savoirs dans des projets transdisciplinaires…

« L’intelligence collective en appelle à l’écoute, l’humilité, la confiance et le partage… Les élèves s’épanouissent dans un flux de communication horizontal »

Florence Cathala, Présidente fondatrice, overthemoon

Viser un mode d’apprentissage centré sur l’intelligence collective où l’enseignant devient facilitateur et n’est plus le seul « apporteur de savoir ». Un nouveau mode relationnel plus horizontal et contributif, centré sur l’apprenant. L’enseignant s’efface au profit de l’expérience d’apprentissage. L’élève apprend en faisant et développe ses compétences au contact des autres. Un premier pas fait vers sa probable future réalité de travail.

Un article rédigé avec l’aimable contribution de Marie-Reine Boudarel, spécialiste de l’ingénierie pédagogique et facilitatrice de projets en innovation pédagogique, notamment dans l’enseignement supérieur. Marie-Reine apporte toute son expérience et son savoir-faire dans le cadre des expérimentations que nous menons avec Ma classe décolle.

Florence Cathala, Présidente fondatrice d’overthemoon et initiatrice de l’initiative Ma classe décolle.

À PROPOS DE MA CLASSE DÉCOLLE

Le projet Ma classe décolle propose de développer une pédagogie plus collaborative qui donne un sens plus concret aux savoirs et stimule l’intelligence collective.

L’objectif ?

  • développer l’interaction entre élèves
  • redéfinir la relation avec l’enseignant
  • favoriser la prise d’initiative des élèves

In fine, les aider à devenir pleinement acteurs de leur apprentissage.

Vous souhaitez en savoir plus ?
Rendez-vous sur le site du projet : www.maclassedecolle.com

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