La Finlande, qui n’est pas la moins bien placée en matière de système éducatif, vient de décider une chose étonnante: supprimer les “matières scolaires” à l’école à partir de l’âge de 16 ans. Et par quoi compte-t-elle les remplacer? Par l’étude pluridisciplinaire d’un sujet choisi par l’élève[1]. C’est comme si on m’avait proposé, lorsque j’étais au collège et que je regardais par la fenêtre durant un cours ennuyeux, de consacrer le cours à l’étude du comportement des oiseaux dans les arbres de la cour de l’école ! Mon rêve…
Au-delà des apparences – et des remous hostiles que ne manquerait pas de susciter cette réforme en France – l’expérience finlandaise porte en elle un retour à la vocation de l’éducation, au “gai savoir” de Montaigne. L’enseignement tel qu’il y est compris s’intéresse à la réalité du monde de l’élève, s’appuie sur sa curiosité et ses centres d’intérêt comme autant de prétextes à connaissance.
Dans ce nouveau paradigme éducatif, où l’élève dispose de beaucoup de temps libre pour vivre les expériences de son âge et où il n’y a plus de “devoirs à la maison”[2], l’élève est plus important que le professeur et que le manuel. Tout est axé sur le plaisir d’apprendre à partir du monde réel, de la réalité de l’expérience, l’élève choisissant lui-même ses sujets d’étude.
C’est en vivant les choses qu’on les comprend. L’école s’appuie sur le vécu, la curiosité, le désir pour conduire l’enfant ou l’adolescent à décrypter la réalité. Le comportement des oiseaux dans une cour de récréation, pour rebondir sur mon expérience d’enfant, n’ouvre-t-il pas des développements passionnants dans de nombreuses disciplines?
LA RELATION APPRENANTE : CLÉ DE CROISSANCE POUR L’ENTREPRISE
Le contraste avec notre système éducatif – qui s’épuise à réorganiser en permanence son “dedans” au lieu de s’inspirer du “dehors”, des changements de la société et des modes de vie – est saisissant. Le parallèle avec le monde de l’entreprise l’est également. Les entreprises qui installent un modèle de développement construit sur une relation apprenante avec leur écosystème (dit le « dehors ») ont une croissance plus rapide que les autres.
Je rêve pour mes enfants d’une éducation inspirée par le “grand air”, l’air du large, qui ne se contente pas de leur accorder chichement quelques activités de “plein air” (comme on le dit des volailles produites industriellement !). Et j’ai le même rêve pour les collaborateurs des entreprises : adopter le virus de l’entreprise inclusive et apprenante.
Florence Cathala
[1] L’éducation finlandaise : un modèle dont pourrait s’inspirer la France
[2] L’éducation en Finlande vue par Michael Moore