Le COVID a offert sans ambiguïté, l’opportunité d’une autre façon de vivre le « travail ». La relation aux autres est chamboulée, les dynamiques collectives et managériales sont réinventées et la fonction du lieu de travail est repensée.
Comment au cœur de cette mutation, la capacité d’innovation de l’entreprise est-elle impactée ?
L’innovation est un processus exploratoire qui embarque l’ensemble des partie prenantes exogènes et endogènes d’une organisation. Plus le processus d’innovation organise cette dynamique collective de façon continue, plus l’innovation est puissante et durable.
Or un lieu unique favorise une alchimie : elle capte les informations extérieures, les croise, les raffine, les matérialise. C’est en ce lieu unique que le processus d’exploration, de création, de maturation et de concrétisation se réalise.
La nouvelle donne de la fonction travail nous amène à organiser des relations entre 1 et « n » lieux de travail : le lieu collectif (l’entreprise) et l’individuel (les domiciles de chacun).
Cette nouvelle « architecture relationnelle » questionne : Quelles relations entre le lieu collectif et le lieu individuel ? Quelles activités dans quel lieu ?
(1)Le processus exploratoire fait appel à de l’intelligence collective, donc à la nécessité de réunir un collectif.
Ce processus n’agrège pas la somme d’innovations individuelles, il met en jeu un travail co constructif. Il nécessite de réunir toutes les parties prenantes qui « tiennent » une partie de la connaissance « marchés/clients ». Il engage entre ces parties prenantes une démarche maieutique qui implique un cadre commun dont un territoire physique et une connexion physique.
Cette connexion physique nourrit d’ailleurs le processus d’une dose d’intelligence émotionnelle nécessaire. Comme l’est la levure pour la bière. Or l’intelligence émotionnelle traverse très mal les écrans.
(2) Le lieu de travail collectif est une place où on ne traite pas que du transactionnel : il permet d’explorer de façon continue grâce à un croisement permanent des parties prenantes. Il favorise à sortir du cadre et à enrichir le processus d’innovation.
Le territoire virtuel est un réseau qui permet l’échange des informations. Mais il donne la fausse impression qu’on appartient à une tribu : la tribu existe par son territoire physique et par son feu, et son vécu collectif crée et fait vivre son histoire commune.
Sans histoire commune, une organisation ne se développe pas voire ne survit pas.
Alors, Comment faire ? Comment adresser cet enjeu ? En posant la problématique aux acteurs de son organisation et en leur donnant, par exemple, un cadre de travail pour y répondre qui soit un lieu unique de réflexion…
Par Florence Cathala et Jean Philippe Fournier